Dimanche 19 janvier 2025
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Par Elie Jarreau Référence : 3269 Date édition : 2013 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0761-8 Nombre de pages : 108 Première édition : 1928 Reliure : br. Prix: 14.65€ |
Chacun avait préparé à sa manière les élections municipales du dimanche qui suivit le jour de la Saint-Martin 1789 : les bourgeois par de nombreuses discussions avec les journaliers et les paysans ; les gens de château par quelques cadeaux, promesses et menaces ; le curé par des prônes appropriés. Si les esprits étaient échauffés et animés d'un grand désir de changement, rien, cependant, n'était modifié dans les habitudes sociales. Les citoyens actifs, c'est-à-dire ceux qui payaient en impôts au moins la valeur de trois journées de travail, élirent, dans l'église, Edme Chenal. Le curé Le Rasle entama une lutte contre les innovations et, en particulier, contre la municipalité, en refusant notamment de publier les décrets en chaire ou de retarder l'heure de la messe du 14 juillet pour faire de ce jour une fête à la fois civique et religieuse. Malgré la nomination de son ancien bras droit, Étienne Mabilat, en tant que procureur, ses « discours incendiaires et inconstitutionnels » et son refus de prêter le serment prescrit par le décret de l'Assemblée nationale pour les ecclésiastiques fonctionnaires, eurent raison de lui. Le Rasle révoqué quitta le village en s'emparant du registre de la fabrique, de soutanes d'enfants de chœur et de quelques autres objets, et fut remplacé par Jean-Baptiste Vaudry, curé de Saint-Père. Le nouveau prêtre se plaignit d'abord d'insultes en paroles et en chansons, et de comportements irrespectueux. Mais, enthousiaste face à la Révolution et convaincu, comme d'autres personnalités de la commune telles que Roussel, les Chenal et les Denoireterre, que l'avenir du pays dépendait des idées nouvelles, il fit bientôt partie des notables d'Alligny et prêta le serment des officiers publics de manière si solennelle qu'il transmit son ardeur aux fidèles qui répétèrent ses paroles en levant les bras au ciel. Il fut cependant plus réticent au mariage et consentit à convoler en justes noces seulement après avoir été arrêté. La Révolution procéda par étapes et sous la pression constante des événements, dans l'abolition des droits féodaux et des dîmes. Ce fut seulement le 17 juin 1792 que les droits perçus par les seigneurs sur les terres furent supprimés. Le troisième décadi de frimaire de l'an II, il fut ordonné de détruire tous les titres et papiers féodaux. Pendant qu'à Alligny, les pères brûlaient les titres des seigneurs, faisant table rase d'un passé de servitude et de misère, les fils aux armées poussaient bien au-delà des frontières et baïonnette au dos, les Prussiens que la noblesse française avait appelés à son secours.© Micberth
Article(s) de presse :LE RÉGIONAL DE COSNE
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