Jeudi 03 octobre 2024
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Par L.O. d'Arcourt Référence : DFDH55 Date édition : 2011 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0491-4 Nombre de pages : 144 Première édition : 1952 Reliure : br. Prix: 18.26€ |
Lorsque François de Bourbon, seigneur d'Aulnois et vidame du Laonnois, décida de se rendre dans la cité, ce n'était pas seulement pour faire visiter son domaine à sa nouvelle épouse, Louise-Marguerite de Lorraine, mais parce qu'il voulait se rendre compte par lui-même des revenus de la ferme et surtout comprendre pourquoi le moulin banal ne figurait plus dans le dénombrement de sa seigneurie. En effet, le moulin « tourne bien, très bien. Ce sont les meuniers, semble-t-il, qui tournent mal ». Pris en charge à l'époque par Daniel Scelleux, il tournait, solitaire, sur la colline. Le meunier y vivait seul, mais certains jours, dès que la nuit enveloppait la plaine, les alentours d'Aulnois s'éveillaient à une vie mystérieuse. De petits groupes dispersés arrivaient de Chéry, de Chalandry, de Reneuil, des Barentons, d'Athies, de Villers-les-Dames et même de Remies, quelques-uns aussi du village, soutenus par leur guide, Nicolas Delapierre, réfugié à Aulnois favorable aux antiligueurs. Il était un des animateurs de ces réunions nocturnes du moulin, où la parole d'un chef ou celle d'un ancien, exprimait les espoirs, donnait les consignes, gonflait les cœurs d'une confiance neuve, effaçait les doutes et transportait les âmes. Les protestants menaient en effet une vie repliée au milieu d'une population étrangère, en lutte avec des difficultés matérielles et qui, sans être ouvertement hostile, demeurait apathique et indifférente. La différence était grande entre la condition du petit groupement et la puissance ordonnée, confiante, du clergé catholique. Le moulin, avant tout lieu de réunion, de réconfort, de prière des isolés de la grande plaine laonnoise devait absolument être conservé. Il bénéficia jusqu'à sa mort de l'aura de Jean de Cochefer, animateur entraînant et réalisateur audacieux, dont la disparition créa un vide qui ne put jamais être comblé. Persuadé de l'obligation de trouver un meunier jeune, actif, d'un prosélytisme ardent qui soit capable de regrouper les énergies, de rallier les hésitants et de stimuler les engourdis, il était aussi convaincu de la nécessité de faire accepter au comte de Roucy la présence d'un partisan dynamique au château. Mais bientôt la révocation de l'édit de Nantes entraîna la suppression des réunions, les entraves à l'exercice du culte protestant et les abjurations multiples.© Micberth
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