Dimanche 13 octobre 2024
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Par Auguste Lechevalier Référence : 3059 Date édition : 2011 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0538-6 Nombre de pages : 208 Première édition : 1897 Reliure : br. Prix: 26.37€ |
Dès 997, les vilains de Normandie secouèrent le joug du servage féodal, mais l'insurrection fut noyée dans le sang des manants. L'esprit d'indépendance, même s'il demeura un instant contenu, ne perdit pourtant rien de sa vitalité. Aussi les grands s'occupèrent-ils d'améliorer le sort de leurs serfs qu'une sujétion arbitraire plus longtemps prolongée devait fatalement liguer contre eux. Des communautés de village furent établies. Les habitants ressentirent alors le besoin de posséder un lieu public de réunion et comme à l'amour des premières libertés la voix du prêtre avait joint une foi religieuse des plus vives, tous se bâtirent une église. Le clergé s'efforça toujours d'en expulser ce qui lui était étranger et les porches, qui servaient de transition avec la place publique, devinrent de plus en plus nombreux aux XVe et XVIe siècles. En 1687, soucieux de faire respecter les cimetières, il fut ordonné de clore ceux de Bruneval, Angerville, Saint-Jouin notamment et défendu d'y faire pâturer les bestiaux. Á Heuqueville, on y délibérait du règlement de la taille, le plus lourd des impôts directs que l'intendant répartissait entre les paroisses et d'après leur richesse présumée, de façon très arbitraire. Ainsi, en 1773, l'habitant de Coudray devait s'acquitter d'un impôt quatre fois plus élevé que celui d'Étretat. La gabelle soulevait aussi nombre de réclamations. Chaque ménage du canton devait se pourvoir en sel dans les greniers du Havre, d'Harfleur ou de Fécamp malgré l'augmentation de ses réserves tous les ans. Les corvées pour l'entretien des routes qui enlevaient à ses travaux le laboureur et son attelage pendant des semaines, n'empêchaient pas une détérioration des chemins ruraux ; dix à douze chevaux étaient nécessaires pour amener les voitures chargées d'huîtres jusqu'à Paris. La situation maritime du canton valut à ses habitants le service du guet de la mer, institué pour prévenir les débarquements ennemis, d'Anglais en particulier. S'y soustraire fut d'abord passible d'amende, puis des galères en 1759. Avec ses triples charges royales, féodales et ecclésiastiques, trop lourdes en comparaison des avantages qu'il en retirait, le paysan ne devait jamais jouir du bien-être que lui eût procuré un régime plus libéral. De tout temps, il subit aussi les plus grandes calamités, et notamment lors de la guerre de Cent Ans. Parce qu'il était enfermé dans un cercle de forteresses, nul canton ne souffrit alors autant des Anglais.© Micberth
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