Jeudi 03 octobre 2024
Collection fondée en 1987
sur le Net depuis 1997
Par Albert David Référence : 3440 Date édition : 2016 Format : 14 X 20 ISBN : 2-978-7586-0953-7 Nombre de pages : 434 Première édition : 1936 Reliure : br. Prix: 58.00€ |
Le 20 juin 1136, sur les instances de sa mère Ermengarde, Conan III, dit le Gros, fonda l'abbaye de Langonnet. Partis de l'abbaye de l'Aumône, les moines défricheurs prirent possession de leur domaine, vaste étendue de terrain à une lieue de la bourgade de Langonnet, en lisière de la grande forêt, connue au Moyen Âge sous le nom de Brocéliande et rendue à jamais célèbre dans la légende, par les aventures de Merlin l'Enchanteur et les sortilèges de la fée Viviane. C'est sans doute dans le but de mettre en valeur ces terres incultes que le duc y plaçait les religieux de Cîteaux et qu'il leur abandonnait la jouissance du sol, à charge de prier pour lui. Son attente ne fut pas déçue : par le travail des moines et des colons, le domaine ne tarda pas à devenir une oasis. Les dépendances de l'abbaye s'étendirent rapidement et les paysans se groupèrent d'instinct près du monastère, fondant leur famille qu'ils ne craignaient plus de ne pouvoir nourrir. Âgé d'une trentaine d'années, Maurice, sans doute déjà prêtre et fatigué de ses fonctions de professeur, rejoignit ce nouveau monastère qui manifestait toute sa primitive ferveur unie à une très grande pauvreté, s'opposant ainsi aux anciens couvents où s'opérait déjà un relâchement de la vie religieuse. Trois ans ne s'étaient pas écoulés, quand il fut choisi par ses frères pour être leur abbé, en 1146. Il le resta durant trente ans. Apprécié de ses pairs, il devint aussi le conseiller des communautés du voisinage, des évêques et du duc de Bretagne. Après sa mort, peu à peu, l'abbaye glissa dans la décadence générale. Dès le XVe siècle, au lieu d'être nommés par le chapitre, ses abbés furent désignés et recommandés par le duc aux suffrages des moines. Le prélat résidait rarement à la communauté et avait parfois sous sa dépendance plusieurs monastères dont il se contentait de percevoir les revenus. L'abbaye jouissait encore d'une aisance relative, à la veille de la guerre de Succession de Bretagne, mais son isolement ne la préserva pas du tumulte des armes. Au contraire, sa situation à la limite de la Cornouaille, aux confins des deux provinces bretonnes et précisément sur le passage des troupes qui suivaient la route de Vannes à Quimper, attira les bandes pillardes. Les petits seigneurs du voisinage qui s'enfuirent vers les villes fortifiées, abandonnant à la ruine leurs vassaux et leurs domaines, laissèrent les moines à leur triste sort. Quel que fût le parti triomphant, « l'abbaye eut beaucoup à souffrir des uns et des autres, car les mœurs de la soldatesque ne variaient point avec la couleur du drapeau ».© Micberth
20:06
   RECHERCHE