Jeudi 03 octobre 2024
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Par G. Liendon Référence : DFDH53 Date édition : 2010 Format : 20 X 30 ISBN : 978-2-7586-0455-6 Nombre de pages : 304 Première édition : 1801 Reliure : br. Prix: 48.68€ |
À l'heure du procès de la bande d'Orgères, qui dut son nom à l'assassinat du citoyen Fousset, cultivateur à Millouard, cela faisait environ quarante ans que les départements du Loiret et d'Eure-et-Loir étaient infestés d'une énorme quantité de brigands dont le refuge ordinaire était les bois de la Muette, de la Porte et de Champbaudoin, dans le canton de Boisseaux. Quatre à cinq cents personnes composaient la horde : hommes, femmes, vieillards et enfants alliaient leur goût du crime et de l'oisiveté. Les plus vieux suscitaient l'admiration en racontant leurs exploits d'antan ; les plus jeunes, les mioches, recevaient une éducation conforme au genre de vie qu'ils devaient mener, servaient d'éclaireurs et se faufilaient par les moindres passages, ouvrant la voie aux adultes. Tous ensemble, ils décidaient quelles seraient les maisons à piller, quels seraient ceux qui succomberaient sous leurs armes et leurs coups parce qu'ils parlaient trop aux gendarmes ou ne recevaient pas suffisamment bien ceux qui leur demandaient le gîte. Les bois étaient aussi le théâtre d'exécutions sanglantes lorsqu'ils voulaient se défaire d'un de leurs membres dont ils avaient à se plaindre ou qu'il était devenu un danger. Lors du procès, les délits furent énoncés en quatre-vingt-quinze paragraphes, chaque accusé fut présenté aux débats pour chacun des faits qui lui étaient reprochés et sept mille huit cents questions furent posées. Assassinats, incendies, viols, vols sur les grands chemins ou dans l'intérieur des maisons furent jugés, en tenant compte des circonstances plus ou moins aggravantes dans lesquelles ces atrocités furent perpétrées. Le président s'adressa solennellement aux accusés : « À nous appartiennent la discussion et l'examen de vos fautes ; à votre propre conscience et à la loi, est réservé d'en faire justice. Écoutez les cris impérieux de l'une, respectez les décisions impartiales de l'autre ! » Le magistrat leur demanda aussi qu'aux questions faites sans aigreur, les réponses soient sans amertume, et si certains contestèrent les faits et s'en défendirent de manière plus ou moins convaincante, d'autres, au contraire, avouèrent leur crime avec satisfaction et amour-propre. Face à ces atrocités, le président implora les jurés que « jamais de l'indignation due au crime, nous ne passerons à la haine inutile contre ceux qui l'auront commis ».© Micberth
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