Dimanche 08 septembre 2024
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Par Jules Thiroux Référence : 3342 Date édition : 2014 Format : 14 X 20 ISBN : 978-2-7586-0845-5 Nombre de pages : 240 Première édition : -1918-1939 Reliure : br. Prix: 33.00€ |
La journée du 24 août 1914 avait été lourde d'angoisse. Le dernier train emmenant les hauts fonctionnaires de l'État était parti vers treize heures. Des commerçants de la place d'Arras avaient commencé à clouer des planches devant leurs vitrines, espérant les préserver d'un bombardement, « et l'on eût dit que l'on clouait un immense cercueil dans lequel on allait mettre la ville morte ». Vers une heure et demie du matin, les officiers quittèrent l'hôtel de ville et les dernières troupes se mirent en marche : Valenciennes était abandonnée. Lorsque les habitants se réveillèrent le lendemain, ils prirent connaissance de l'affiche composée par l'équipe municipale durant la nuit et qui débutait par ces mots : « Contrairement à nos espérances, l'ennemi envahit le territoire français et peut-être occupera notre ville ». Dans la matinée, une patrouille de uhlans traversa la place. Vers seize heures, l'infanterie défila en deux rangs et deux heures plus tard les troupes commencèrent à déboucher de partout, chantant la Wacht am Rhein. L'hôtel de ville fut envahi. Seuls le maire et le secrétaire général restèrent, signant sans arrêt des bons de réquisition. Puis vers neuf heures, le général déclara : « Maintenant, plus de civilistes ici ! ». Valenciennes était occupée et allait demeurer cinquante mois im besetzten Gebiet, complètement isolée du reste de la France. La population ne connut plus qu'un mot : obéir. Durant l'occupation, 1500 affiches s'étalèrent sur les murs, commençant par Befehl (Ordre) et finissant par le montant de l'amende ou le nombre de jours d'emprisonnement pour tous les contrevenants. Cette soumission s'instaura progressivement, par l'exercice d'un contrôle de plus en plus sévère. Les premières mesures tendirent à la restriction de circulation, les Allemands voulant empêcher la propagation de renseignements sur la marche de son armée et ses moindres faits. La vie devint terne, la plus grande préoccupation étant de savoir si l'on aurait à manger le lendemain. L'obligation pour tous les Valenciennois de ne pas quitter leur commune favorisa la naissance des rumeurs les plus fausses. Comme elles avaient le plus souvent trait aux victoires fantaisistes des armées alliées, elles permirent de conserver un espoir et de maintenir le pouvoir de résistance des habitants durant ces quatre années. Mais lorsque l'ordre d'évacuation générale daté du 10 octobre 1918 fut placardé, leur cœur frémit comme au jour où les avions bombardaient la ville.© Micberth
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